« Croyez en vos rêves !
Il y a plein d’exemples de réussites dans la société.
Autant chez les hommes que chez les femmes »
« Plus que jamais, ces associations sont l’un des piliers du progrès et de la confiance de la population. Si l’on veut former et créer les scientifiques de demain, il faut communiquer non seulement sur les opportunités et les différents parcours possibles, mais aussi sur ce que les scientifiques font. Je pense qu’il y a une fracture et même une perte de confiance entre la population et les sciences. »
« La France, d’un point de vue scientifique, doit être fière de ce qu’elle a accompli et que l’on a tendance à oublier. Il y a peut-être une stigmatisation de l’ingénieur français que l’on range dans des cases et des fonctions trop restreintes, et l’on doit s’autoriser à leur donner plus de liberté et à leur faire confiance sur les prochains grands projets. L’ingénieur doit redevenir une personne de grandes idées et non pas un simple applicateur de tâches. »
– Les français ont des talents inestimables ✨ –
L’interview de Valentin Gaucher, ingénieur aérospatial – Visiting Student Research NASA (JPL) :
Parcours
Après mon baccalauréat scientifique obtenu à Fontainebleau dans le 77, très belle région et célèbre pour son magnifique château, j’y suis resté et entré en classe préparatoire. À l’issue de celle-ci, j’ai intégré l’ENSTA Bretagne, où je me suis spécialisé en ingénierie mécanique. J’ai effectué un séjour de 6 mois à Polytechnique Milan en Aérospatial et fait ma dernière année à l’ISAE SUPAERO. À la suite de l’obtention de mon double diplôme, j’ai poursuivi 1 an de plus pour approfondir certains aspects théoriques. Cette année supplémentaire s’est conclue par un stage de 9 mois au Jet Propulsion Laboratory (JPL), à l’issue duquel je suis entré en contact avec mon actuel mentor de doctorat. J’effectue actuellement ma première année de doctorat à Arizona State University pour continuer à travailler sur les sujets de mon stage de la NASA.
Stage au Jet Propulsion Laboratory (NASA)
J’ai effectué un stage de 9 mois au JPL dans la section robotique et mobilité aérienne. Plus précisément, dans la section robotique aérienne qui s’est créée suite au développement de l’hélicoptère Ingenuity. Il est donc à la frontière de la robotique et du spatial. Mon travail était axé sur le déploiement du futur hélicoptère martien, nommé Chopper, sous la tutelle, entre autres, du Dr Jeff Delaune que vous avez interviewé. L’objectif du stage était de développer, tester et valider un algorithme de déploiement du dit hélicoptère depuis un jetpack pour un déploiement sûr et robuste aux conditions martiennes. J’y ai développé un algorithme de contrôle en temps réel que j’ai déployé et testé en soufflerie afin de le valider.
Quelques scientifiques permanents hors pair du Jet Propulsion Laboratory (JPL) et du Goddard Space Flight Center, cinq français dont trois ont travaillé sur le rover Perseverance et ingenuity : Nacer Chahat, Jeff Delaune et Gregory Dubos:
Vos ressentis concernant le haut niveau scientifique au sein du JPL
et vos relations auprès d’élites de renommées internationale
Évoluer au sein du JPL est extrêmement enrichissant. Le plus notable pour moi est que l’on côtoie des « rock-stars » du domaine, très accessibles, avec qui on peut aller déjeuner et échanger sur ces thématiques. De manière plus globale, on ressent que tous nos collègues sont des experts de leurs domaines qui viennent du monde entier et qui ont été recrutés pour leurs compétences uniques. L’ambiance est à la frontière entre une entreprise et un campus, car la grande majorité des ingénieurs sont avant tout des chercheurs et professeurs de renommée mondiale.
Carrière
Mon but est de travailler dans la robotique d’exploration spatiale. Ce domaine me tient à cœur, car les robots sont essentiels pour l’exploration extra-planétaire, et les besoins de développer des missions de plus en plus complexes et autonomes pour aider à percer les secrets de notre système solaire sont très actifs ! De plus, les technologies développées ont toujours des retombées sur Terre, l’idée d’aider la planète tout en explorant d’autres est l’un des plus beaux métiers, selon moi.
Une rencontre
Mon père est dans l’aéronautique, donc cela m’a sûrement aidé. Mais je me rappelle d’un professeur au collège qui, après une mauvaise note en science, m’a dit que l’échec en science fait partie du succès final. « C’est la volonté de trouver les réponses qui est importante. » Cela m’a convaincu que les sciences étaient faites pour moi.
Femmes et Hommes scientifiques leaders et inspirants
Les scientifiques importants, selon moi, sont :
– Claudie Haigneré (1957-…), scientifique, astronaute et femme politique française pour sa carrière et les inspirations qu’elle a suscitées.
– Richard Feynman (1918-1988), un physicien américain, pour sa vision de la science
Une culture professionnelle différente
La culture professionnelle aux États-Unis, est-elle différente de celle de l’Europe et de la France en particulier ?
Un aspect qui m’a frappé au JPL, c’est la philosophie de ne pas avoir peur du test. Il y a aussi le fait d’avoir confiance dans toutes les idées et ce n’est pas grave si elles n’aboutissent pas.
La devise « Dare Mighty Things » du JPL est véritablement appliquée.
Devise que l’on peut traduire par « Oser de grandes choses ».
C’est un message codé dans le parachute du Rover Perseverance.
Pour la compréhension du code et sa visibilité, il faut tenir compte de deux choses : les différents cercles et les 0-1.
Ci-dessous, le code décrypté du parachute.
La préservation de l’excellence française
Pour avoir conscience des différents enjeux à l’international ; au-delà des contextes d’investissements financiers importants et nécessaires, pour le développement des connaissances scientifiques d’un pays. En considération des continents comme l’Asie et les États-Unis (au regard du nombre d’ingénieurs formés chaque année, + 60 000 par an en Europe, dont + 30 000 en France et plus de 1,2 million en Chine…) :
La France peut-elle continuer à développer et partager son savoir-faire d’excellence, de réputation mondiale, sur le concert international sans y apporter quelques modifications/considérations ?
La France, d’un point de vue scientifique, doit être fière de ce qu’elle a accompli et que l’on a tendance à oublier. Il y a peut-être une stigmatisation de l’ingénieur français que l’on range dans des cases et des fonctions trop restreintes, et l’on doit s’autoriser à leur donner plus de liberté et à leur faire confiance sur les prochains grands projets. L’ingénieur doit redevenir une personne de grandes idées et non pas un simple applicateur de tâches. Il faut avoir confiance en la synergie des chercheurs et des ingénieurs et donner davantage d’attention (et de financement) à la recherche, car autrement nous resterons dans un système d’application de l’industrie, et non dans la création de nouvelles industries innovantes.
Les associations scientifiques et techniques
Plus que jamais, ces associations sont l’un des piliers du progrès et de la confiance de la population. Si l’on veut former et créer les scientifiques de demain, il faut communiquer non seulement sur les opportunités et les différents parcours possibles, mais aussi sur ce que les scientifiques font. Je pense qu’il y a une fracture et même une perte de confiance entre la population et les sciences. Il faut expliquer comment et pourquoi nous faisons de tels projets et que ces domaines sont des moteurs historiques de l’humanité. Le rôle des associations est de promouvoir le passé, le présent et le futur de notre culture scientifique.
Article de :
- Mise en page web et propos recueillis par : Halim BENNADJA, chef de projet à l’Association Odyssée Céleste
- Réponses de Valentin Gaucher, ingénieur aérospatial
- Date de réalisation : 28/01/2025
- Copyright images/textes : association odyssée céleste / NASA -JPL-Caltech
Valentin Gaucher
– Ingénieur aérospatial au Jet Propulsion Laboratory (NASA)