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Roser Almenar, chercheuse invitée en Droit de l’espace à LSE.

par | Jan 7, 2024 | Interviews / Podcasts, Retrouvez toutes nos actualités | 0 commentaires

 

« Croyez en vos rêves ! Il y a plein d’exemples de réussites dans la société.»

 

L’interview d’exception de Roser Almenar, chercheuse invitée en Droit de l’espace à London School of Economics and Political Science(LSE).

« Il est vrai que ces dernières années, d’autres questions ont été introduites comme la protection du ciel noir et silencieux, étant donné qu’en raison des méga-constellations de satellites, certaines interférences lumineuses nuisent à l’observation de la nuit étoilée par les astronomes. Certains chercheurs ont remarqué que cela pouvait entraîner une violation des droits culturels de certaines populations indigènes liées à l’astronomie. La durabilité des activités spatiales reste une question essentielle. Par rapport à l’utilisation des nouvelles technologies nous avons déjà mentionné l’intelligence artificielle, mais l’informatique quantique commence également à être utilisée et par informatique quantique je me réfère à ces multidisciplinarités qui comprennent des aspects de l’informatique, de la physique, ainsi que des mathématiques qui utilisent de la mécanique quantique pour résoudre plus rapidement des problèmes complexes. »

En vidéo sur Youtube:

 En podcast :

 

Parcours

Je m’appelle Roser Almenar, je suis juriste,  j’ai étudié le droit à l’Université de Valence en Espagne et je suis diplômée d’un Master en droit international public.

Actuellement, je suis chercheuse invitée à la London School of Economics and Political Science à Londres. J’ai l’intention de retourner en Espagne, pour faire une thèse à l’Université de Valence sur le droit de l’espace extra-atmosphérique. J’aimerais analyser plus particulièrement la question de l’application de l’intelligence artificielle dans les activités spatiales et les enjeux juridiques qui peuvent se poser. Comme les questions sur les responsabilités internationales ou la protection des données

 

Intelligence artificielle et protection des données

 

En effet, la protection des données personnelles, plus précisément dans l’espace extra-atmosphérique, c’est le projet de recherche que je mène à Londres depuis 3 mois. S’il est vrai que le règlement général sur la protection des données, que nous avons en Europe, s’applique aux activités spatiales tant qu’elles répondent aux deux critères de territorialité, ce sont les premiers auxquels le règlement s’applique aux activités menées par un responsable. Une personne qui traite ces données, qui est établie dans l’Union européenne, elle-même indépendamment du fait que le traitement ait lieu dans l’Union ou pas. L’autre élément pour l’application de ce règlement c’est que ces activités doivent être menées par un responsable dont l’établissement n’est pas situé dans l’Union européenne, mais qui offre des services ou des biens aux personnes physiques qui résident dans l’Union européenne ou qui suivent leurs directives. Si ces deux critères sont remplis, le règlement sera appliqué. Mais à la lumière de mes recherches, même si a priori c’est le règlement général  sur la protection des données qui peut être appliqué aux activités spatiales, j’ai identifié quatre défis potentiels dans ce cadre juridique. Parmi eux, on retrouve l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les traitements des données spatiaux à bord des satellites eux-mêmes. Quelques exemples, les traitements de l’imagerie spatiale qui prennent des jours, des semaines à examiner, à analyser peuvent être automatisés par des composants d’intelligence artificielle qui déterminent stratégiquement quel type de données sont suffisamment importantes pour être collectées ou pas.

En plus, il est possible aussi d’envisager l’interprétation en temps réel des données spatiales à l’aide d’algorithme de type deep learning. Voir des satellites intelligents capables d’observer et d’analyser l’imagerie au fur et à mesure avec les blacking, c’est-à-dire tous ces sous-ensembles de l’apprentissage automatique qui correspond à un réseau neuronal à trois couches. C’est par exemple ce qu’on utilise pour des tâches analytiques physiques sans interventions humaines dans de nombreux produits et services tels que les assistants numériques, les télévisions à commandes vocales. Beaucoup de services et des produits que nous utilisons dans notre vie quotidienne. Ce sont de nombreuses entreprises actives dans l’industrie spatiale qui exploitent ces activités offertes par cette combinaison de l’intelligence artificielle et de l’imagerie satellite comme Planet Labs ou Orbital Insight. Cependant, il y a un article dans le règlement général sur la protection des données, l’article 22 nous dit, que les personnes physiques ont un droit de ne pas faire l’objet d’une décision fondée exclusivement sur un traitement automatisé y compris les profilages.

Mais si on prend en compte cet article, j’ai deux questions :

1) Le droit de ne pas être soumis, le droit enregistré par l’article 22, peut-il être étendu aux données spatiales ?

2) Étant donné que les données spatiales peuvent être analysées à l’aide de ces technologies de reconnaissance faciale et être combinées avec d’autres données comme des localisations, l’utilisation de l’intelligence artificielle peut-elle mettre en péril la confidentialité de ces données ?

Trois challenges du droit spatial

 

En ce moment plusieurs enjeux juridiques de tailles sont sur la table, sur lesquels nous nous concentrons en tant que chercheurs.

Il y en a trois principaux :

1) la durabilité des activités spatiales,

2) la militarisation de l’espace extra-atmosphérique

3) l’utilisation de nouvelles technologies.

En ce qui concerne la durabilité des activités spatiales, la gestion des débris spatiaux reste pertinente même si cela a été l’objet de différents travaux depuis de nombreuses années, car c’est indispensable pour garantir la sécurité de ces activités. Mais il est vrai que ces dernières années, d’autres questions ont été introduites comme la protection du ciel noir et silencieux, étant donné qu’en raison des méga-constellations de satellites, certaines interférences lumineuses nuisent à l’observation de la nuit étoilée par les astronomes, et certains chercheurs ont remarqué que cela pouvait entraîner une violation des droits culturels de certaines populations indigènes liées à l’astronomie. La durabilité des activités spatiales reste une question essentielle. Par rapport à l’utilisation des nouvelles technologies nous avons déjà mentionné l’intelligence artificielle, mais  l’informatique quantique commence également à être utilisée et par informatique quantique je me réfère à ces multidisciplinarités qui comprennent des aspects de l’informatique, de la physique,  ainsi que les mathématiques qui utilisent de la mécanique quantique pour résoudre plus rapidement certains problèmes complexes. Il y a aussi la question sur les nouvelles technologies qui peut être mise en relation avec la question de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique en raison des cyberattaques sur les satellites. Il est nécessaire de renforcer les capacités des systèmes spatiaux pour faire face à ce type de cyberattaque en plus des attaques traditionnelles.

 

Article de :

  • Halim BENNADJA, chef de projet à l’Association Odyssée Céleste
  • Date de réalisation : 18 Décembre 2023
  • Copyright images: Association Odyssée Céleste/

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Roser Almenar, chercheuse invitée en Droit de l’espace à London School of Economics and Political Science(LSE).