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Pascale Ehrenfreund, astrobiologiste & Présidente de l’ISU

par | Nov 5, 2023 | Interviews / Podcasts | 0 commentaires

« Croyez en vos rêves ! Il y a plein d’exemples de réussites dans la société.»

 

« Les évolutions du secteur spatial ont été extraordinaires ces dernières décennies. Le secteur spatial est en plein essor, il a besoin d’une main-d’œuvre exceptionnelle. Dans le domaine, des sciences et des techniques, il existe un immense besoin de talents qui augmentera chaque année en raison de l’évolution démographique. Cela veut dire que nous avons besoin de nouvelles recrues dans le secteur spatial, à l’échelle mondiale. Les employés du secteur spatial ont besoin de perfectionnements, qui devraient être soutenus par une éducation spatiale interdisciplinaire, entrepreneuriale et tourner vers l’avenir. L’Université internationale de l’espace(ISU) aide à préparer la prochaine génération du secteur spatial et spécialement dans un environnement international, interdisciplinaire et aussi interculturel, c’est quelque chose qui est unique pour l’International Space University. »

 

Pascale Ehrenfreund est présidente de l’Université spatiale internationale (ISU) et professeure-chercheuse en politique spatiale et affaires internationales au Space Policy Institute/Université George Washington à Washington DC. Elle est également présidente du Comité de recherche spatiale COSPAR et professeur invité à l’Observatoire de Leiden. Depuis trois décennies, elle a contribué en tant que chercheuse principale, co-chercheuse et chef d’équipe aux missions d’astronomie et planétaires de l’ESA et de la NASA, ainsi qu’aux expériences en orbite terrestre basse et sur la Station spatiale internationale. Pascale Ehrenfreund a été présidente du conseil d’administration du Centre aérospatial allemand (DLR) entre 2015 et 2020 et présidente du Fonds scientifique autrichien (FWF) de 2013 à 2015. Pascale Ehrenfreund est titulaire d’un Master en Biologie Moléculaire, d’un Doctorat en Astrophysique et d’un Master en Management & Leadership. L’astéroïde « 9826 Ehrenfreund 2114 T-3 » porte son nom.

 

L’interview d’exception de Pascale Ehrenfreund, astrobiologiste & Présidente de l’International Space University (ISU).

En vidéo sur Youtube :

En podcast :

Parcours

Je m’appelle Pascale Ehrenfreund, je suis astrophysicienne de formation et j’ai également un master en biologie moléculaire et un autre en management & leadership. Je savais exactement que je voulais étudier la vie dans l’univers. Quand je suis entrée à l’université, je ne pouvais pas choisir entre l’astrophysique et la biologie, c’est pourquoi j’ai décidé d’étudier les deux en faisant de l’astrobiologie.

Rencontres particulières

J’ai  eu beaucoup de chance de travailler avec des scientifiques fantastiques au cours de ma carrière, surtout à l’institut d’astrobiologie de la NASA. J’ai vraiment choisi d’aller aux États-Unis pour travailler dans cet institut d’astrobiologie, c’était très important. Il s’agit d’un endroit où il y a beaucoup de chercheurs de différentes disciplines qui travaillent sur un même sujet.  J’ai aussi travaillé avec des personnes extraordinaires, qui étudient les molécules et la chimie de l’univers. Si on travaille avec des personnes qui sont extraordinaires,  on peut grandir et avoir un nouveau regard dans une direction différente et ainsi faire une véritable évolution de carrière. J’ai aussi travaillé avec mes deux Directeurs de thèse Alain Léger et Louis d’Hendecourt , ainsi que mes collègues aux États-Unis, sur le Space Policy Institute  parce que je n’ai pas seulement fait de la science, j’ai aussi fait de la politique scientifique. Enfin, j’ai beaucoup travaillé avec mon époux Bernard sur des molécules organiques. En somme, travailler avec des chercheurs sur des sujets différents permet de grandir et cela participe à faire avancer les connaissances scientifiques.

Dans ma carrière, j’ai aussi contribué à l’identification de fullerènes dans l’espace. Ce sont de grandes molécules, avec mon époux on a travaillé sur ce sujet et la preuve définitive n’est venue n’y a que quelques années. Les fullerènes font partie des plus grosses molécules identifiées dans l’espace, les fullerènes 60, pour ses 60 atomes de carbone. Il existe des amas de carbone dans l’espace, mais la structure ne peut être déterminée de manière très précise

Trois grands projets en astrobiologie

 

Je travaille beaucoup sur la planète Mars. Une mission spatiale particulièrement passionnante, c’est le rover Perseverance actuellement sur la planète Mars. La mission de la NASA fournit en permanence de nouvelles données sur l’habitabilité de la planète Mars et collecte également des échantillons pour une future mission de retour. Les échantillons sur Mars sont un sujet qu’on a travaillé, discuté il y a 40 ans. Mars Sample Return est une mission décisive, le rover Perseverance collecte en ce moment les échantillons pour cette mission. C’est également important pour l’Europe, la mission de l’ESA est extrêmement passionnante, c’est la mission d’ExoMars qui est une mission européenne avec une collaboration internationale. Cela correspond à une entreprise complexe qui permettra dans l’avenir de forer 2 m de profondeur dans la surface martienne. On croit vraiment que si on trouvait des molécules, des biomolécules, cela permettrait de répondre à la fameuse question de l’évolution à la surface de mars. On doit donc vraiment regarder dans le sous-sol. Cette mission sera capable de réaliser cela, dont le lancement est prévu pour 2028. Pour la préparation, il faut faire de nombreuses recherches, travailler énormément et faire des tests des instruments sur différents terrains comme dans le désert d’Atacama, mais aussi aux laboratoires. De nombreux chercheurs travaillent pour préparer les grandes missions sur la planète Mars et j’ai beaucoup travaillé sur ce sujet, c’est quelque chose d’exceptionnel et de très important en ce moment.

 

Les challenges de l’éducation du spatial au sein de l’ISU

 

C’est une excellente question ! Parce que les évolutions du secteur spatial ont été extraordinaires ces dernières décennies. Le secteur spatial est en plein essor, il a besoin d’une main-d’œuvre exceptionnelle. Dans le domaine, des sciences et des techniques, il existe un immense besoin de talents qui augmentera chaque année en raison de l’évolution démographique. Cela veut dire que nous avons besoin de nouvelles recrues dans le secteur spatial, à l’échelle mondiale. Les employés du secteur spatial ont besoin de perfectionnements, qui devraient être soutenus par une éducation spatiale interdisciplinaire, entrepreneuriale et tourner vers l’avenir. L’Université internationale de l’espace(ISU) aide à préparer la prochaine génération du secteur spatial et spécialement dans un environnement international, interdisciplinaire et aussi interculturel, c’est quelque chose qui est unique pour l’International Space University. Mais qu’est-ce qui est important pour tout le monde? Les entreprises spatiales recherchent partout des employés qualifiés, il y a beaucoup de postes et le secteur spatial en plein développement, avec des activités et des perspectives d’emplois, pour les étudiants et aussi pour tous les professionnels, cela est très présent dans le monde. J’espère que l’International Space University, l’ISU, vraiment aide pour instruire cette nouvelle force vive, du secteur spatial.

 

Les différents supports pour aider les femmes dans leurs carrières d’excellence

Vous avez raison, les femmes ne représentent qu’à peu près 29 % de la main-d’œuvre de l’aérospatial, d’après les données de 2021-2022.

Cela signifie que si on regarde les postes de direction, il y a encore moins de femmes qui sont dans les postes de direction ! Mais la situation change, lentement, et on doit aussi aider à changer cette situation. Cela implique des efforts de recrutements plus actifs et surtout au niveau des femmes. Peut-être, mettre en place des mesures de financements spécifiques, des incitations et des programmes de mentorat, c’est très important. Mais aussi favoriser « la masse critique » des femmes dans un environnement, dans une organisation, c’est essentiel au recrutement et au développement des autres femmes. De plus, il y a des organisations spatiales internationales qui aident, elles ont créé de nombreuses activités qui sont liées à la diversité et ont créé des initiatives. Il y a une organisation The International Astronautical Federation(IAF) qui a créé l’initiative 3G, égalité de genre, géographie et génération. Il y a aussi la plateforme des Nations Unies, c’est Space4Women, qui sont des plateformes présentes partout dans le monde, dans chaque pays. Il y a beaucoup d’organisations qui aident. Les activités qui sont créées permettent d’augmenter le nombre de femmes dans le secteur spatial, mais aussi afin qu’il y ait plus de femmes dans les postes de direction et dans les postes de management. Ça, c’est quelque chose qui est très important, c’est un process qui est un peu lent, mais ça change.

Article de :

  • Halim BENNADJA, chef de projet à l’Association Odyssée Céleste
  • Date de réalisation : 26 octobre 2023
  • Copyright image : Association Odyssée Céleste /International Space University-ISU / NASA / JPL-Caltech /MSSSperseverance/  le blob-l’extra-média / wiley

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Pascale Ehrenfreund astrobiologiste & Présidente de l’International Space University (ISU)