« Croyez en vos rêves ! Il y a plein d’exemples de réussites dans la société.»
En cette journée internationale des droits des femmes, l’association odyssée céleste vous partage son coup de cœur ❤️😉 !
L’interview d’exception de Claire Mathieu, Directrice de recherche en informatique à l’IRIF (Institut de Recherche en Informatique Fondamentale). Claire Mathieu et ses équipes ont modélisé le plafond de verre, très étudié par les experts de la sociologie moderne, et l’ont mathématiquement démontré :
« Le plafond de verre est défini depuis longtemps dans toutes les organisations hiérarchiques. Il décrit ce qui empêche une catégorie de personnes comme les femmes, d’accéder aux postes en haut de la hiérarchie proportionnellement à ce qu’on attendrait. Ce que nous avons fait, ça a été un travail théorique, c’est de la modélisation. Quand on parle de réseaux sociaux en général, on pense à un milieu qui n’est pas naturellement hiérarchisé, tout le monde peut intervenir. Mais dans les réseaux sociaux, on voit émerger des gens qui ont davantage d’influence que les autres. Peut-on définir une notion de plafond de verre là-dedans ? »
En vidéo sur Youtube:
En podcast :
Je suis née à Caen et je suis une enfant de l’école publique. J’ai été dans le public toute ma vie en France. Dans mes études primaires et secondaires, je dirais que le moment le plus intéressant c’est quand j’étais au collège à Caen. J’ai passé 3 ans, de la 5e à la 4e, dans ce qui s’appelle maintenant le collège Stephen Hawking qui est dans une zone REP +, de la banlieue de Caen dans ce qu’on appelait autrefois le quartier de la Grâce de Dieu.
Comment définir simplement ce qu’est un algorithme ?
En considérant ses liens avec l’informatique puisque l’informatique est l’une des grandes découvertes du 20e siècle et l’une des filles des mathématiques.
Alors l’informatique a, je dirais, un père et une mère. D’un côté il y a les maths, mais de l’autre côté il y a l’ingénierie. On le voit d’ailleurs dans les départements d’informatique depuis leur création, c’est aux États-Unis, ils sont issus des départements de Electrical Engineering, le génie électrique, ils sont issus des départements de math. C’est la rencontre entre les deux que nait l’informatique. Donc les algorithmes font partie de l’informatique et c’est ce qui m’a plu au départ dans les algorithmes. C’est l’ aspect très concret c’est-à-dire qu’en Mathématique on veut résoudre des problèmes, on vous demande s’il existe tel ou tel objet. Et on fait une démonstration ce qui peut garder un côté abstrait alors qu’en algorithmique on ne vous demande non pas si quelque chose existe, mais comment faire pour le construire. Il s’agit donc de faire une construction pas à pas. Ce qui est très concret pour moi. Si on veut une analogie ou un cas particulier d’algorithme dans la vie courante si vous regardez une recette de cuisine donc vous ouvrez votre livre de recettes il vous décrit comment faire un gâteau à partir des ingrédients par une suite d’étapes simples ce qui vous permet même si vous ne saviez pas avant comment faire la cuisine juste de suivre les instructions pas à pas pour obtenir à partir des ingrédients un gâteau qui soit bon à manger et donc ça ce principe d’expliquer comment obtenir le résultat désiré par une suite d’instruction élémentaire qu’on peut suivre pas à pas. Ça, c’est un algorithme et qui est-ce qui suivra ces instructions ? Ce sera l’ordinateur. Comment pourra-t-il suivre ces instructions ? Parce que l’algorithme sera traduit dans un programme, dans un langage que l’ordinateur peut comprendre donc l’algorithme c’est la description pas à pas dans un langage naturel le français l’anglais un langage que l’humain peut comprendre, mais qui est suffisamment détaillé pour pouvoir être traduit en un programme que l’ordinateur peut comprendre.
Quels sont les challenges de l’algorithmique aujourd’hui ?
L’une des questions qui se posent actuellement en algorithmique c’est que le numérique envahit la société, c’est clair. Nous sommes en passe de transformation en société numérique et donc il ne s’agit plus seulement de concevoir des algorithmes pour faire des calculs très rapidement sur de grosses machines qui font des études de physique fondamentale par exemple. Mais il s’agit maintenant de concevoir des algorithmes qui donneront lieu à des applications qui ont un impact direct sur toute la société, des algorithmes sociétaux. Là ça change l’aspect des algorithmes c’est-à-dire qu’autrefois ce qu’on voulait c’était avoir des algorithmes corrects, rapides et qui n’utilisent pas trop de mémoire. Maintenant on veut des algorithmes adaptés aux personnes. Par exemple si vous prenez l’algorithme de la plateforme Parcoursup pour l’orientation des étudiants dans l’enseignement supérieur, cette plateforme est basée sur l’algorithme de Gale et Shapley. Cet algorithme, pour que cela soit acceptable, doit être présenté aux gens de manière convaincante et il y a en plus des propriétés d’équité qui interviennent. Il y a donc d’autres aspects, d’autres dimensions qui interviennent quand on a des algorithmes sociétaux. Le deuxième exemple, vous le savez bien qu’actuellement on ne parle que d’intelligence artificielle. Les progrès récents de l’intelligence artificielle sont dus aux avancées sur les réseaux de neurones profonds, enfin en grande partie. Il s’agit d’une catégorie d’algorithme qui est basé sur l’exploitation de données et la compréhension de données. On est là, dans un cas de figure où les développements algorithmiques ont précédé la compréhension fondamentale du problème. Maintenant la question pour un chercheur, comme mes collègues chercheurs, c’est de comprendre la structure des propriétés sous-jacentes qui expliquent l’efficacité de cette famille d’algorithme.
Vous faites allusion à quels types de neurones ? Les neurones miroirs ?
Je pense au Deep Learning, à l’apprentissage automatique, je pense aux IA language Générative pour écrire du texte, aux Transformers qui sont un type spécial de raison neurone utilisé pour aider à comprendre le langage voilà le genre de chose auquel je pense.
Vous avez fait un travail très intéressant avec votre équipe sur le plafond de verre
Le plafond de verre est défini depuis longtemps dans toutes les organisations hiérarchiques. Il décrit ce qui empêche une catégorie de personnes comme les femmes, d’accéder aux postes en haut de la hiérarchie proportionnellement à ce qu’on attendrait. Ce que nous avons fait, ça a été un travail théorique, c’est de la modélisation. Quand on parle de réseaux sociaux en général, on pense à un milieu qui n’est pas naturellement hiérarchisé, tout le monde peut intervenir. Mais dans les réseaux sociaux, on voit émerger des gens qui ont davantage d’influence que les autres. Peut-on définir une notion de plafond de verre là-dedans ? Nous avons pris un réseau particulier, nous nous sommes intéressés au réseau académique, au réseau de collaboration entre chercheurs. Parce que nous avions des données sur les publications et nous avons postulé que l’importance, l’influence d’une personne dans ce réseau social particulier était proportionnelle à son nombre de collaborateurs. Autrement dit, les personnes qui ont le plus d’influences sont celles qui travaillent avec le plus de monde. Donc ça, c’est la question du plafond de verre. On peut regarder la distribution des personnes, ceux qui ont, selon leur nombre de collaborateurs, les personnes qu’ils ont formées. En particulier les étudiants qu’ils ont eus. On peut regarder les personnes qui sont en haut de cette sorte de pseudo hiérarchie c’est-à-dire ceux qui ont formé le plus de monde. Et se demander est-ce que là il y a un phénomène de plafond de verre ? Est-ce que si on regarde par exemple les femmes, est-ce que parmi celles qui ont le plus d’influence en ce sens, est-ce qu’il y a le nombre de femmes qu’on attendrait ? Nous avons regardé les données dont on disposait sur un certain type de publication. La réponse est non, la réponse est qu’il y a un plafond de verre, il y a moins de femmes que ce qu’on attendrait parmi ceux qui ont le plus d’influence. Alors après on s’est demandé « comment l’expliquer ? ». Nous avons proposé un modèle. On est allé voir de la littérature en sociologie qui propose des faits, des postulats par exemple ce qu’on appelle « The rich get richer », on ne prête qu’aux riches. Nous avons traduit cela dans ce cadre se posant la bonne question, quand il y a une nouvelle personne qui arrive dans le système avec qui cette personne va-t-elle collaborer ?
Avez-vous réussi à brisé le plafond de verre ?
Vos travaux sont-ils applicables à la diversité visible ?
La suite dans le podcast.
Bonne écoute 😉!
Article de :
- Halim BENNADJA, chef de projet à l’Association Odyssée Céleste
- Date de réalisation : 28 Février 2024
- Copyright images: Association Odyssée Céleste/Collège de France
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Claire Mathieu, Directrice de recherche en informatique au sein de l’Institut de recherche en informatique fondamentale (IRIF-CNRS).