« Croyez en vos rêves ! Il y a plein d’exemples de réussites dans la société.»
« Mesange, c’est un petit Sterne, c’est une fusée qui fait 4,8 m de hauteur avec 16 cm de diamètre. Elle intègre un moteur de fabrication addictif, l’impression 3D et elle est alimentée en peroxyde d’hydrogène et propane. Au niveau des réservoirs : on a des réservoirs concentriques, c’est-à-dire un réservoir à l’intérieur d’un autre, le réservoir de propane est au milieu, le réservoir d’HTP est autour. Puis il y a des cartes électroniques qu’on a fabriquées en interne. Notre spécificité, c’est qu’on a favorisé la réalisation de cartes électroniques modulaires, ce qui nous permet de fabriquer beaucoup de cartes afin de gagner en termes de coût sur la série. On a mis de l’innovation là où il faut et standardisé au maximum, tout en concevant une solution de lancement complète, c’est-à-dire autant la fusée que le système sol. »
L’interview d’exception de Safouane Benamer :
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Parcours
J’ai été formé en tant qu’ingénieur aérospatial dans une école qui s’appelle l’IPSA qui est basée à Ivry-sur-Seine. Ma spécialité est la télécommunication, ce qu’on appelle « les systèmes embarqués orientés vers la télécommunication ». Pendant mes années d’études, j’ai pu participer à un programme qui s’appelle Perseus (Projet Étudiant de Recherche Spatiale Européen Universitaire et Scientifique) qui est destiné aux étudiants, aux jeunes ingénieurs, aux laboratoires de recherche, aux groupes. Ce programme consistait à développer les systèmes spatiaux futurs, à y participer et à nous former en tant qu’étudiants. Durant mes années d’étudiant, j’ai pu acquérir des expériences professionnelles comme réaliser des ailerons composites chez Airbus Opérations à Toulouse, j’ai pu également travailler sur la communication satellite militaire à Airbus Defence and Space. En stage de fin d’études, j’ai participé au programme WISDOM qui est un instrument de la mission EXOMARS 2020.
Qu’est-ce que la startup Opus Aerospace ?
Opus Aerospace est une start-up de l’industrie aérospatiale qui vise à concevoir, développer, opérer des lanceurs et des systèmes spatiaux destinés aux petits satellites. Dans notre stratégie, aujourd’hui, on
développe une petite fusée qui s’appelle Mesange, c’est une fusée suborbitale, qui représente notre démonstrateur. On y a intégré pas mal de nos technologies, comme des réservoirs, des moteurs en impression 3D, des réservoirs en aluminium avec certaines techniques de soudure, des cartes électroniques qu’on fabrique ici. Elle vise à être un démonstrateur pour notre lanceur Sterne qui sera capable de mettre en orbite jusqu’à 250 kg de petits satellites. Entre les deux, Mesange et Sterne, on utilise les technologies qu’on a intégrées dans Mesange pour en faire des systèmes spatiaux qu’on propose sur le marché ; donc des cartes électroniques ou des moteurs-fusées.
Quelles sont les caractéristiques de vos lanceurs : Mesange et Sterne ?
Mesange, c’est un petit Sterne, c’est une fusée qui fait 4,8 m de hauteur avec 16 cm de diamètre. Elle intègre un moteur de fabrication addictif, l’impression 3D et elle est alimentée en peroxyde d’hydrogène et propane.
Au niveau des réservoirs : on a des réservoirs concentriques, c’est-à-dire un réservoir à l’intérieur d’un autre, le réservoir de propane est au milieu, le réservoir d’HTP est autour. Puis il y a des cartes électroniques qu’on a fabriquées en interne. Notre spécificité, c’est qu’on a favorisé la réalisation de cartes électroniques modulaires, ce qui nous permet de fabriquer beaucoup de cartes afin de gagner en termes de coût sur la série.
On a mis de l’innovation là où il faut et standardisé au maximum, tout en concevant une solution de lancement complète, c’est-à-dire autant la fusée que le système sol.
Concernant Stern, c’est un microlanceur qui peut mettre en orbite jusqu’à 250 kg de petits satellites. Il fait 18 m de longueur et 1,2 m de diamètre. Pour les moteurs, on a repris la technologie d’impression 3D qu’on utilise aujourd’hui, ce sont les moteurs de Mesange. Côté cartes électroniques, il y a une partie qu’on va fabriquer en interne, une partie qui est du COTS (Commercial-Off-The-Shelf), sur étagère. La même technologie de réservoir avec de la soudure et une coiffe en composite. En termes de caractéristiques sur la réutilisabilité, on a visé une utilisabilité du premier étage et de la coiffe. Le gros avantage, c’est que cela nous permet d’expérimenter à faible coût sur le microlanceur Mesange en sachant qu’on embarque une technologie de bouclier thermique qu’on fabrique en impression 3D. Il s’agit d’un travail qu’on est en train de mener sur la réutilisation des lanceurs.
Halim Bennadja, (Odyssée Céleste) :
Dans le spatial, on dit souvent : « Si ça n’a pas volé, ça n’existe pas ! » C’est un peu « violent » comme propos, mais sur le terrain des lanceurs rien n’est plus véridique !
Pouvez-vous nous rappeler les différentes étapes de la mise au point de ces microlanceurs avant leurs validations
pour les premiers lancements ?
Il y a différentes étapes. La première permet un peu d’identifier les besoins, c’est-à-dire, qu’est-ce qu’on veut faire ? Quel est le projet en lui-même ? Ensuite, il y a ce qu’on appelle des phases ou des revues. La première étape, c’est de réaliser une analyse de mission. On a telle mission avec qui on va collaborer en termes de fabrication, en termes d’infrastructure, de partenaires industriels ou autres. Qu’elles sont nos capacités ? Quel est l’objectif final client ? À cela, on a des revues préliminaires de développement : c’est là où l’on va faire différents compromis entre les différentes technologies qu’on souhaite réaliser. Là, on est sur une logique « un peu papier », dans le sens où on fait des études et on compare les différentes technologies. On s’autorise à faire certains prototypes, puis on passe sur des revues de développement, sur la revue critique de développement, sur la revue de qualification, après la revue avant vol, etc.
Une date pour le 1er lancement
Pour Mesange aujourd’hui, on vise le 1er lancement avant la fin de l’année 2024. Il s’agit de programmes un peu complexes, s’il y a un retard, un décalage, ça ne sera pas de plusieurs mois. On a passé la phase recherche-développement, nous sommes actuellement sur une logique de qualification.
Pour Sterne, ça sera plutôt 2026. Ce qu’on vise, c’est un lancement suborbital en 2026 avec une capacité par la suite de mise en place de lancements suborbitaux fin d’année, début d’année 2027.
Les prochains challenges d’Opus Aerospace
Le 1er challenge d’aujourd’hui est technique, c’est le 1er lancement de Mesange qui est un peu notre phare. Effectuer ce lancement nous fera un grand bien, parce que réussir à lancer une fusée depuis le Centre spatial Guyanais (CSG), avec toute la technologie qu’on a intégrée dans cette fusée, serait l’idéal.
Le deuxième challenge majeur à court terme, c’est sur le volet commercial. C’est de commercialiser, d’industrialiser nos sous-systèmes spatiaux. Ça commence à se concrétiser et donc, en termes d’objectif de la société, nous sommes tout à fait confiants qu’à la fin de l’année, on a des contrats qui se concrétisent déjà. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est de valider le Business Model et notre approche. Cela permettra de confirmer notre vision, notre travail d’équipe et notre singularité, ce qui est important pour nous.
Le troisième challenge est un peu plus financier naturellement, car vous suivez l’actualité des startups, les moyens financiers sont essentiels !
Article de :
- Halim BENNADJA, chef de projet à l’Association Odyssée Céleste
- Montage Vidéo/Podcast : Halim Bennadja
- Date de réalisation : 24/07/2024
- Copyright images/sources/textes: CNES / Odyssée Céleste / Wikipédia / NASA / IPSA / Opus Aerospace