« C’est vrai qu’on a une coopération, je disais, historique avec les américains, parce qu’ils représentent 60% du budget spatial mondial, et c’est un tiers de nos coopérations. Il faut savoir que la majorité de nos programmes spatiaux se font en coopération, ou en bilatéral directement, ou via l’ESA, mais souvent en coopération à l’international. Donc je vais trouver 2-3 programmes, mais il faut savoir qu’on a 17 accords de coopération en cours, en bilatéral avec les américains. Mais il y a quand même des domaines structurants. Donc on coopère avec eux soit en bilatéral directement, soit via l’ESA. En bilatéral, je peux citer Persévérance qui a atterri sur Mars l’année dernière, pour lequel, nous, on a fourni SuperCam qui est un petit peu l’œil du rover, qui est une caméra spectrométrique et qui permet d’analyser des échantillons sur Mars. Globalement, Persévérance, c’est le reflet d’une coopération historique dans les missions robotiques martiennes, parce qu’il faut savoir qu’on a participé, la France, à toutes les dernières missions robotiques martiennes de la NASA, des américains : on était sur InSight, en 2018, on a fourni un sismomètre. En 2012, sur Curiosity, on avait fourni ChemCam, l’ancêtre de SuperCam. On a toujours été sur ces missions-là et c’est très intéressant de le noter, parce que ça montre l’intérêt de telles coopérations, l’effet de levier qu’on a parce que, typiquement, SuperCam, c’est quelques dizaines de millions d’euros pour participer à un programme qui en coûte presque 3 milliards »
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Bonjour Halim, bonjour à tous ! Je m’appelle Nicolas Maubert, je suis le représentant du CNES, le Centre National d’Etudes Spatiales, aux Etats-Unis, et j’ai également une double casquette, puisque je suis conseiller spécial à l’ambassade de France qui est à Washington DC.
Parcours d’étudiant
J’ai une formation classique scientifique, mais avec quelques particularités. J’ai toujours un petit peu bougé car mon père était pilote d’essai à la DGA (la Délégation Générale pour l’Armement), donc on a toujours eu l’habitude de bouger. Je ne vais pas refaire toute la Genèse, mais j’ai grandi en Guyane Française, j’ai fait le collège là-bas, et puis après j’ai fait le lycée filière scientifique, bac S, en internat en France. A 15 ans, je suis parti en France -enfin en France métropolitaine, parce que mes parents étaient en Guyane- au Prytanée national militaire, lycée militaire qui m’a déjà appris, très jeune, à être autonome et puis aussi à vivre en communauté. Et après, filière classique, donc prépa scientifique à Rennes au lycée Chateaubriand, ce qui m’a permis après d’intégrer l’école d’ingénieurs à Toulouse ISAE-SUPAERO, l’Ecole Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace, donc toujours une branche scientifique et spatiale. Ç’a été des années formidables. J’ai fait deux ans à Toulouse, et puis une année en programme d’échange à l’école Polytechnique Montréal, donc une école d’ingénieurs, où j’ai pu suivre un Master en Ingénierie des Systèmes Spatiaux et Télécommunications.
Représentant du spatial du CNES aux États-Unis
« Notre mission, c’est bien sûr d’entretenir nos coopérations et nos relations en cours avec nos partenaires historiques, donc ici c’est la NASA, la NOAA, donc la National Oceanic and Atmospheric Administration. On la connaît un peu moins, mais c’est l’agence qui gère en gros tous les satellites météo des États-Unis. Et puis aussi entretenir et développer de nouvelles relations en permanence, bien sûr. C’est pour ça qu’en étant ici, on a des contacts très réguliers avec nos homologues de la NASA, de la NOAA, mais pas que, parce qu’on a des contacts aussi avec des acteurs dans des domaines autres que technico-scientifiques puisque, comme j’ai dit, maintenant, le spatial devient complexe, global. On a des problèmes de régulation (juridique…), donc on est aussi en contact avec un petit peu tout l’écosystème spatial. On a, par exemple, les organismes de régulation comme la FAA et la FCC, qui sont des organismes responsables de tout ce qui est processus de licensing. Donc si je fais un lancement, je m’adresse à la FAA (Federal Aviation Administration) pour demander une licence pour être autorisé à lancer. Quand je veux lancer un satellite de télécommunications, je demande à la FCC (Federal Communications Commission) pour m’octroyer cette licence, ce droit de lancer un satellite de télécommunications et donc, comme il y a beaucoup de discussions autour de l’espace, du développement durable de l’espace, le SSA, le STM etc, on est en contact aussi avec ces organismes. Tout ce qui est coopérations, non seulement techniques, scientifiques mais aussi dans d’autres domaines (régulation…). »
Rencontres et influences
Alors, m’orienter au spatial, pas forcément puisque depuis tout jeune, finalement, le spatial me fascinait -bon comme beaucoup d’enfants- mais c’est vrai que j’étais déjà dans un milieu où je baignais dans le spatial. J’ai grandi en Guyane, au rythme des lancements Ariane 4 ! Je rentrais de l’école en vélo et puis, au bord de la plage, il y avait Ariane 4 qui décollait donc… Mais bon, il y avait quand même quelques personnes : déjà mon père, quand il travaillait au centre spatial et qu’il était
DDO, soit Directeur Des Opérations, celui qui apprend à compter à l’envers pour pouvoir lancer… Ça m’a toujours fasciné. J’ai une petite anecdote aussi; je me souviens, j’étais petit, et puis j’ai mon parrain qui travaille chez Matra à l’époque, à Toulouse, et je me souviens que, quand j’étais petit, je voulais être le boss de mon parrain, donc je disais “je vais être le boss de mon parrain” et mes parents me disaient “et bien si tu veux faire ça, ‘faut être ingénieur et puis ensuite travailler”. Donc voilà, c’était peut-être ça le déclic. Mais après, au cours de ma carrière, donc c’est pour ça que j’ai toujours travaillé dans le spatial, je n’ai pas forcément eu une rencontre particulière, mais plusieurs qui ont finalement influencé mon parcours pro. Je dirais des gens qui ont su donner ma chance, qui m’ont orienté, et qui m’ont fait évoluer en permanence. Parce que je pense que c’est ça qui est important : c’est de toujours un peu évoluer, d’avoir une éternelle âme d’étudiant. Je
peux parler peut-être de 2 types de personnes qui m’ont marqué : des anciens, on va dire, des vieux de la vieille qui m’ont vraiment fait confiance quand j’étais jeune ingénieur. J’ai débarqué à Rome en 2003, j’ai en particulier un collègue qui avait 25 ans d’expérience mais qui m’a tout de suite accueilli, qui m’a fait confiance, qui est devenu un ami depuis, et je trouve que, les seniors, c’étaient des exemples pour moi, des vraies leçons où maintenant, moi, je suis un peu plus senior professionnel on va dire. Cette idée que, effectivement, il faut faire confiance aux jeunes, que chacun est unique, avec son histoire, sa culture; et qu’on soit expérimenté ou jeune professionnel ou pas, chacun a à apporter quelque chose et il faut vraiment donner la chance à tout le monde. Moi, je sais qu’au bureau, ici, j’ai des jeunes avec moi et ils m’apportent tout autant que je peux leur apporter, donc c’est plutôt ça qui m’a un petit peu influencé. Et puis deuxième point je pense, c’est un peu lié au fait que j’ai pu évoluer dans différents pays. Je pense que c’est important de rencontrer et de côtoyer, de travailler avec des personnes de nationalités différentes. J’ai pu travailler avec des italiens, des allemands, des américains et puis, quand j’étais en Guyane, d’accueillir des gens de partout dans le monde et d’environnements différents (de l’industrie, des agences gouvernementales etc) parce que globalement, le monde professionnel, mais le spatial devient global, un peu complexe, et je pense que connaître certaines clés devient indispensable, ça permet de développer l’empathie, une flexibilité par rapport aux autres et souvent, je me rends compte après coup, quand j’ai travaillé dans un endroit, de l’intérêt d’avoir pu côtoyer ces personnes. Je pense que c’est quelque chose d’important, et c’est vrai que je conseille toujours aux jeunes de multiplier ses expériences à l’étranger parce que c’est important, et puis je constate que c’est de plus en plus le cas, les jeunes se donnent les moyens d’aller voir ce qui se passe ailleurs.
Programmes structurants auxquels participe le CNES
« Juste avant ça : c’est vrai qu’on a une coopération, je disais, historique avec les américains, parce qu’ils représentent 60% du budget spatial mondial, et c’est un tiers de nos coopérations. Il faut savoir que la majorité de nos programmes spatiaux se font en coopération, ou en bilatéral directement, ou via l’ESA, mais souvent en coopération à l’international. Donc je vais trouver 2-3 programmes, mais il faut savoir qu’on a 17 accords de coopération en cours, en bilatéral avec les américains. Mais il y a quand même des domaines structurants. Donc on coopère avec eux soit en bilatéral directement, soit via l’ESA. En bilatéral, je peux citer Persévérance qui a atterri sur Mars l’année dernière, pour lequel, nous, on a fourni SuperCam qui est un petit peu l’œil du rover, qui est une caméra spectrométrique et qui permet d’analyser des échantillons sur Mars. Globalement, Persévérance, c’est le reflet d’une coopération historique dans les missions robotiques martiennes, parce qu’il faut savoir qu’on a participé, la France, à toutes les dernières missions robotiques martiennes de la NASA, des américains : on était sur InSight, en 2018, on a fourni un sismomètre. En 2012, sur Curiosity, on avait fourni ChemCam, l’ancêtre de SuperCam. On a toujours été sur ces missions-là et c’est très intéressant de le noter, parce que ça montre l’intérêt de telles coopérations, l’effet de levier qu’on a parce que, typiquement, SuperCam, c’est quelques dizaines de millions d’euros pour participer à un programme qui en coûte presque 3 milliards »
L’équipe
- Une interview de Halim BENNADJA, chef de projet à l’Association Odyssée Céleste
- Réalisation/montage : Halim BENNADJA
- Copyright Image : CNES/Association Odyssée Céleste