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Nabil Hadjaz, ingénieur système à l’Agence Spatiale Canadienne

par | Mai 4, 2023 | Interviews / Podcasts | 0 commentaires

Nabil Hadjaz travaille sur différents programmes de la Station Spatiale Internationale (ISS), notamment sur le Canadarm 2, le bras robotique canadien. Originaire de Maisons-Alfort, dans le Val de Marne (94). Il nous partage avec enthousiasme son parcours d’étudiant, son ancienne école d’ingénieurs, l’UTC de Compiègne, ainsi que ses travaux au sein de l’Agence Spatiale Canadienne.

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Les types de missions à l’Agence Spatiale Canadienne

 

« L’une de nos missions de support c’est de résoudre les problématiques imprévues, qui ont un impact sur les opérations de la Station Spatiale Internationale(ISS). Ce sont personnellement les situations que je préfère car on est vraiment dans l’action. Je vais citer deux exemples liés aux impacts des micrométéorites, qui correspondent aux débris spatiaux. Le premier c’est l’impact au niveau du Canadarm 2, directement sur le bras canadien, qui était vraiment centré sur les équipes canadiennes de MDA (MacDonald, Dettwiler and Associates) et de l’Agence Spatiale Canadienne, d’une part pour constater les dégâts, et ensuite entrer en mode résolution du problème.Plus spécifiquement, c’est d’évaluer ce qui fonctionne, ce qui a été impacté, nos solutions de rechange et les contingences qu’on peut mettre en place ? Mais on doit toujours garder en tête le fait que nous sommes limités au niveau de nos ressources! Pourquoi ? Parce qu’on ne parle pas d’un impact classique, que vous pouvez avoir sur votre voiture en roulant sur l’autoroute et que l’on peut changer facilement.  On parle d’un équipement qui est en orbite à environ 400 kilomètres d’altitude, à 28 000km/heure et donc avec des équipements de rechanges très limités. Comment avec les moyens du bord, résoudre ce problème ? C’est ce que j’aime dans cette atmosphère, évoluer dans un environnement inconnu puis d’être capable de résoudre cette problématique-là, de trouver une solution, c’est vraiment un fort sentiment d’accomplissement.  Le deuxième exemple, dans le même ordre d’idées mais à un niveau plus intense à l’international, ça a été cette année l’impact du module Soyouz avec la fuite qui en a résulté. Dans cette situation on parle de plusieurs heures de réunions avec des partenaires internationaux, les agences spatiales comme la NASA, la JAXA, Roscosmos, l’ESA  etc. C’est impressionnant d’être dans ce genre d’appel,  parce qu’on a les experts mondiaux au niveau des matériaux, de la médecine,  de la propulsion, de la chimie, de la robotique et on travaille tous ensemble pour partager des idées,  analyser les différents plans. On a tous le droit de lever la main, de proposer une idée. Ce qui est vraiment très solennelle et impressionnant et je dirais même à la limite du réel parce que le soir lorsque vous êtes chez vous, vous regardez les fils d’actualités, on parle de cet événement mondial puis le lendemain vous faites partie des équipes qui doivent résoudre ce grand challenge avec la brochette des meilleurs experts. Lors de mon arrivée au début, quand j’ai rejoint ce genre d’appel,  je n’arrivais pas à y croire, je me disais «je viens du Val-de-Marne du 94, de Maisons-Alfort et je suis présent sur ce genre d’appel pour relever ce challenge! C’est  juste incroyable!» Et c’est à ce moment-là qu’on réalise, en prenant du recul, qu’on travaille sur l’un des projets le plus ambitieux de l’humanité,  ça donne vraiment un sentiment de fierté ! On réalise aussi que d’aller dans l’espace c’est difficile, même si aujourd’hui on voit des fusées partir tous les jours comme celles de SpaceX, cela reste quand même exceptionnel. On se donne à fond et on ne compte pas ses heures de travail pour résoudre ces problématiques. Tout simplement pour supporter les astronautes qui prennent tous les risques pour le bien de l’humanité au final.»

Les formations des écoles d’ingénieurs proposées en France

 

Je dirais qu’on a la chance en France d’avoir une excellente formation et qui plus est gratuite! C’est très important,  car en dehors de la France on se rend vite compte que c’est très différent  dans les autres pays. J’ai pu faire toutes mes études en France et sortir d’une des meilleures écoles d’ingénieurs, lUTC de Compiègne,  sans payer un euro! J’étais boursier,  de par mes conditions sociales, et je ne remercierai jamais assez le système français pour cela !

 

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